Jean Luc Breuer, 2020 et 2016

(...)
Plus loin encore, ce sont comme des portes, ouvertures décalées sur un monde intime éclairé doucement par le fond. Tiens, une silhouette, une épaule, quelqu’un serait posé là, tranquille, près de ce qui serait une table. Est-on rentré à la maison, pour un moment de repos ?

Voilà.
Elle semble y toucher à peine, Nancy Seulen,
mais c’est bien décidément qu’elle estompe les certitudes.
Elle nous chuchote alors à l’oreille : regardez, regardez, l’effacement c’est la présence, la mélancolie c’est un filtre magique posé sur le réel. Ne craignez rien, ne craignez rien.
Alors les sentiments émergent, le coeur s’apaise.

On le sait, notre monde fait la part belle à l’acéré, à l’aveuglant, au plat, au brutal.
Remercions Nancy Seulen et ses semblables, qui nous restituent la profondeur, le mystère et la tendresse.

Jean Luc Breuer
Février 2020

(...)
Je suis touché et remué par le jeu de mes perceptions, que provoque le changement permanent d’état des matières et couleurs présentes sur les toiles.
Mon esprit s’envole, car aucun sujet n’est flagrant, mais les fines suggestions des formes et des lignes allument mon imagination. Des espaces s’ouvrent dans d’autres espaces, rien n’est fermé, et cette lumière, comme une promesse...
Quelle liberté enivrante !
En me rapprochant, j’observe plus en détail la richesse des textures, j’admire le jeu fouillé des couleurs, je prends plaisir aux passages du brillant au mat, du creusé au lisse, du graineux au rainuré.
Appel puissant aux sens, à la sensibilité, à l’imaginaire : le don sans fioritures d’un art sans compromis. Tout est entièrement donné mais on ne peut se l’accaparer. C’est parfaitement cadré mais totalement libre. Bon, je ne sens plus le froid ni la pluie de cette pluvieuse soirée de février, et je comprends avec gratitude l’obstiné pressentiment m’a mené jusqu’ici.

Jean Luc Breuer
Février 2016


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